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L'histoire de Pierre-Perthuis (89) Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté
Le Bourg et le Hameau (situation / histoire)

Le Bourg et le Hameau (situation / histoire)

- L'histoire de Pierre-Perthuis -

Cette petite note fort succincte vous permettra, je l’espère de mieux connaître et donc de vous passionner pour l’histoire de notre commune.

Le territoire de Pierre-Perthuis s’étend sur environ 735 hectares et l’altitude maximum est de 218 m. Il est traversé par la Cure ainsi que par divers rus qui sont ses affluents. La formation géologique de la commune est très variée, elle comprend : du granite, de l’arkose, des roches siliceuses, des calcaires du Lias, des calcaires à entroques, un revêtement d’argiles tertiaires contenant des nodules de minerai de fer (limonite) et la vallée est tapissée d’alluvions anciennes. Les roches siliceuses sont abondantes et on peut y découvrir : de la barytine rose, de la fluorine, des géodes de quartz hyalin, de la galène ou plomb sulfuré argentifère et des carbonates de cuivre. Cette richesse minérale a failli couter sa tranquillité et sa qualité de vie à notre village, il y a une trentaine d’années, une multinationale voulait y ouvrir une énorme mine de fluorine sur les deux rives de la Cure et grâce à un rude combat, nous avons réussi à faire échouer ce projet.

A cinq cent mètres du bourg, à mi-chemin du hameau de Précy-le-Moult, se trouve une arcade naturelle de 6 m sur 8 m, située à environ 20 m au-dessus de la Cure. C’est la « Roche Percée »

Selon certains avis, cette curiosité aurait donné son nom au village (Petra Pertusa). Je pense pour ma part que ce nom vient plutôt du ‘’pertuis’’ qui rétrécit la rivière à l’emplacement des deux ponts, dont le petit appelé ‘’Pont Vauban’’ ou Pont de Ternos (de Taranis dieu Gaulois de la foudre), fut bâti vers 1670, contrairement à ce que la présence d’un graffiti daté de 1770 a pu faire croire. Le Grand Pont fut lui bâti entre 1872 et 1874, après de nombreuses péripéties, dont l’effondrement  des échafaudages à cause d’une tornade.

La commune porte des traces d’occupation depuis la Préhistoire. On peut voir dans quelques collections locales (Parat, Pissier, Gentil) des silex taillés du Paléolithique au Néolithique. Il y a des haches, des lames, des racloirs, des burins, des pointes de flèches ; exposés dans divers musées régionaux et dans la mairie du village.

 A la Préhistoire succède la Protohistoire qui verra arriver la civilisation Celtique, apportant les techniques de fabrication du bronze puis du fer. Plusieurs tumuli (inhumation sous des amas de pierres), furent fouillés dans les environs et fournirent de magnifiques objets : haches, bijoux, vaisselle de bronze…, ces pièces sont visibles au musée d’Avallon.

Suite à l’invasion de la Gaule par César en 52 avant J.C., commence la période Gallo-Romaine. De nombreux témoignages illustrent cette époque autour de Pierre-Perthuis : centre sidérurgique des Ferriers, temple et thermes des Fontaines Salées, ainsi que de nombreuses villas. Il y en a deux de reconnues sur le territoire de la commune : l’une située dans le pré voisin de la grande ferme du village, l’autre en bordure de la voie romaine entre Pierre-Perthuis et Domecy sur Cure. Leurs emplacements se signalent par de nombreux fragments de tuiles, de poteries, de pierres taillées et quelques pièces de monnaie. (Collection Gentil). Ce sont probablement ces villas qui servirent de carrières lors de la construction du château. Ce qui pourrait expliquer la présence de la magnifique intaille du Premier siècle en opale, représentant le dieu Pan, que Monsieur Pierre George découvrit en 1956 en effectuant un sondage à l’emplacement de la petite poterne du château.

La civilisation Gallo-Romaine devait finir emportée par les invasions barbares qui déferlèrent sur la Gaule de la fin du III ème au VI ème siècle. De cette période date le cimetière mérovingien de Gratte-Loup, fouillé vers 1955. Quelques sépultures donnèrent un intéressant mobilier : grandes épées, scramasax (épées courtes), plaques-boucles, fibules, monnaies … .Ces objets sont visibles au musée de Saint-Père.

Pendant cette période, vers 452, la région fut ravagée par les Huns d’Attila. Deux siècles et demi plus tard, en 731, les Arabes envahissent la France, notre région ne fut pas épargnée et la vallée de la Cure fut de nouveau ravagée.

Ce n’est qu’un siècle plus tard, à l’époque carolingienne, que le nom de Pierre-Perthuis apparait dans l’histoire.

Dans la deuxième moitié du IX ème siècle, en 873, notre vallée fut de nouveau mise à sac par les terribles et sanglantes expéditions des Vikings : ruine des Abbayes de Saint-Père et de Cure.

 Suite à cette période d’insécurité, les villages quittèrent les vallées et gagnèrent les hauteurs. C’est ainsi que le rocher de Pierre-Perthuis, vu sa position stratégique, avec un simple donjon, faisait un excellent point d’appui dans le système défensif de la vallée de la Cure.

 D’après Hugues de Flavigny, le fort de Pierre-Perthuis fut bâti par Rotmond, évêque d’Autun de 928 à 968. On dit même qu’il aurait ruiné l’abbaye de Cure à cet effet. En fait, il a probablement utilisé les ruines de ces bâtiments détruits par les invasions Viking de la fin du IX ème siècle.

Nous entrons maintenant dans l’époque féodale. Le premier seigneur du lieu dont on soit sûr est Ponce de Pierre-Perthuis en 949.

En 1095, fut prêchée la Première Croisade. Vergy de Pierre-Perthuis n’y prit pas part. En 1146, Saint Bernard vint prêcher la Seconde Croisade à Vézelay. Etienne de Pierre-Perthuis prit la croix. C’est en 1180, dans le château, que se passa un fait mémorable, le Roi Philippe-Auguste y tint une grande assemblée de barons afin de régler des problèmes de justice. On possède aux Archives Nationales la charte dressée à cette occasion qui se termine par la phrase : « donnée en notre palais de Pierre-Perthuis. »

Plusieurs seigneurs de Pierre-Perthuis participèrent aux Croisades successives. Suite à ces expéditions en Orient, la lèpre se répandit dans le royaume et les Frères de l’Ordre de Saint Lazare fondèrent une léproserie à proximité du château ; elle se trouvait au sud-ouest, sur la Presle, près d’une fontaine.

Jusqu’ici, le lieu a vécu des temps héroïques, c’est l’époque où la simple forteresse d’une des plus anciennes châtelenie du Morvan devint un château-fort, tel que le représente le sceau du seigneur de 1189, Etienne II de Pierre-Perthuis. ‘’ Un fort donjon crénelé, à trois tours accolées de même.

L’histoire avance et nous arrivons en un siècle où deux nations voisines s’affrontèrent. C’est la ‘’Guerre de Cent Ans’’ entre la France et l’Angleterre. Un seigneur de Pierre-Perthuis marqua de son nom cette terrible période : Geoffroy de Charny. Un audacieux fait d’arme accompli au cours de la bataille de Calais, le 31 Décembre 1349, lui valut une grande notoriété. C’est ainsi que le Sire de Pierre-Perthuis fut élevé à la haute dignité de ‘’Grand Porte Oriflamme de France ‘’ par le roi Jean le Bon. Protégeant le Roi de son corps, il fut tué à la bataille de Poitiers à 41 ans, en 1356.

En 1358, le Roi d’Angleterre Edouard III prend le château ‘’capable de défier une armée’’, à son seigneur, Guillaume de la Trémoille et s’y installe pendant presque un an. Selon Ernest Petit, « la forteresse devint le repaire d’une troupe de bandits anglais qui portèrent partout dans la région mort et désolation. » En 1360, le duc de Bourgogne, âgé de 15 ans fit mettre le siège devant le château et se fit rendre la place après y avoir pénétré par une brèche faite dans le donjon.

La fin du XIVe siècle vit la région ravagée par les ‘’Grandes Compagnies’’, ces bandes de pillards et d’écorcheurs, ainsi que par la peste (1393).

Le début du XVe voit se dérouler une période désastreuse de guerres, de famines, d’épidémies. C’est l’affrontement entre les Armagnacs et les Bourguignons. Un des plus terribles chefs des bandes d’Armagnacs, Jacques d’Expailly, surnommé ‘’Fortépice’’, se retranche dans le château en octobre 1433. Peu de temps après, les troupes bourguignonnes donnèrent l’assaut et reprirent la forteresse, après avoir fait une brèche dans le rempart grâce à un énorme canon appelé ‘’la Grosse Bombarde de Bourgogne’’. Un canon semblable existe toujours et il est conservé dans le château d’Edinbourg en Ecosse, cette pièce d’artillerie d’un calibre de 520 m/m fut offerte par Philippe le Bon Duc de Bourgogne au roi d’Ecosse James II en 1454. Deux énormes boulets de pierre furent trouvés au pied du rempart au XIXe siècle, ils sont au même calibre (520 m/m) et sont toujours visibles dans le village

Pierre-Perthuis, entre 1467 et 1477, fut le témoin et l’acteur de la rivalité opposant Louis XI et Charles le Téméraire.

 A la fin du XVe siècle, le fief de Pierre-Perthuis échut à Léonard, sire du lieu et de Grignon. Sa nièce, Charlotte de Joigny le porta à Jean Adrien de Sainte Maure dont elle eut trois fils et une fille, avant que son mari ne fût tué à la bataille de Marignan en 1515. Louis de Sainte Maure fit aveux pour Pierre-Perthuis en 1562.

 Nous arrivons maintenant dans une des périodes les plus sombres de notre histoire, celle des ‘’Guerres de Religion’’. On ne parle guère de Pierre-Perthuis durant cette triste époque. 

La place forte faisait partie de la Ligue et était viscéralement opposée au futur Henri IV à cause de sa foi protestante. C’est pourquoi, dès son avènement en 1589, le Roi envoya ses troupes pour reconquérir la région. Le Maréchal d’Aumont vint mettre le siège devant le château, dont le seigneur, René de Bellangé, descendant des Sainte Maure et seigneur de Lormes, refusait de se soumettre. Le château fut pris et  démantelé en mars 1591. De cette époque date la maison forte, appelée aujourd’hui ‘’ le Presbytère’’. Cette maison forte fut élevée avec les ruines du château pour abriter la châtelaine avec douze ‘’gens d’armes’’ pour sa protection. Cette bâtisse servit de résidence à l’un des intendants du Maréchal de Vauban jusqu’au début du XVIIIe siècle. (ci-dessous, une vue datée de 1895).

A partir de cette ruine, le nom de Pierre-Perthuis retourne dans l’ombre. On en reparlera entre 1680 et 1707, période durant laquelle sont seigneur fut le Maréchal de Vauban. Son gendre, Louis Bernin de Valentine, Marquis d’Ussé repassa le fief en 1748 à Denis François Angran d’Alleray, lieutenant civil au Chatelet de Paris. Il mourut guillotiné en 1794 à l’âge de 79 ans, victime des fureurs homicides de la Révolution. Puis Pierre-Perthuis sombra dans une douce quiétude, seule troublée par les guerres qui déchirèrent notre pays.

Auteurs cités : Abbé Parat, .Ernest Petit, Victor Petit, Abbé Baudiau.    Patrick J. George.   6 / 05/ 2017